L'homo sapiens
a colonisé le monde à pied. Parti d'Afrique, il a atteint les
extrémités des continents européen et asiatique en utilisant
essentiellement les muscles de ses jambes. Lors des dernières
glaciations, il a sans doute traversé le détroit de Behring en
marchant sur la banquise reliant la Sibérie à l'Alaska. Il de ce
fait, le premier, mis les pieds en Amérique. Il a probablement
utilisé encore ses jambes pour se rendre en Australie.
En définitive,
la seule partie du monde à avoir été peuplée par la voie maritime,
ce sont les îles situées dans l'océan Pacifique.
L'histoire
commence vers 4 000 ans av. J.C.
Des populations néolithiques, probablement originaires de Chine, où
leur présence est attestée 5 000 ans av. J.-C., entament leur
progression maritime en Asie du sud-Est insulaire puis vers la
Mélanésie du nord. Ce sont des peuples, locuteurs de la famille des
langues austronésiennes. Ils ne sont pas les premiers. Avant eux,
d'autres hommes, profitant de la baisse du niveau des océans i l y a
55 000 ans ou peut-être 75 000 ans, ont atteint l'Australie, la
Nouvelles-Guinée, la Tasmanie et le Nord des îles Salomon. Ces
ensembles ne formaient alors qu'une seule terre.
Maîtrisant peu
l'art de la navigation, ils n'iront pas plus loin, mais ils vont se
retrouver isolés sur leurs terres devenues des îles lors de la
remontée des eaux.
Quant aux locuteurs austronésiens, pendant plus d'un millénaire, ils
vont côtoyer leurs prédécesseurs "non austronésiens". Ils
développeront, dans une zone centralisée autour des îles Bismarck,
une culture typiquement océanienne caractérisée entre autre par la
réalisation d'une poterie dite de Lapita et par la maîtrise de l'art
de la navigation qui va leur permettre de pousser plus loin vers le
centre de l'océan Pacifique.
Aux environs
de 1500 ans av. J.-C., le reste des îles mélanésiennes sera atteint
(Vanuatu, Nouvelle-Calédonie, Fidji).
Les îles de la Polynésie occidentale seront occupées peu après.
Grâce aux rapprochements linguistiques, nous savons que la
protolangue utilisée par les populations des premières îles
polynésiennes colonisées (les tonga, les Samoa ou les îles Wallis),
a une origine commune avec celles de certains clans mélanésiens des
îles Fidji.
Il faut probablement attendre encore un millénaire avant que les
Polynésiens ne se lancent à l'assaut de la Polynésie orientale et
atteignent les pointes extrêmes du triangle polynésien : Hawaii, Ile
de pâques et Nouvelle-Zélande.
Cette conquête du Pacifique a pu se faire certes, grâce à un
perfectionnement de la technique de fabrication des embarcations et
à la maîtrise de la mer et du vent, mais surtout, grâce à
l'utilisation des astres, seuls repères sérieux sur l'océan pour
pouvoir s'orienter. Ce qui a permis aux polynésiens de s'aventurer
plusieurs jours loin des côtes et de découvrir toutes les îles du
Pacifique y compris les plus minuscules.
L'observation
et la connaissance du mouvement des astres deviendront l'un des
éléments indispensables de leur survie en mer. Ils excelleront dans
cette science à l'instar des peuples de Mésopotamie ou du bassin
méditerranéen.
Grâce aux écrits laissés par les voyageurs et les missionnaires, et
grâce surtout aux travaux de recherches effectuées par la "Polynesian
Voyaging Society", nous connaissons aujourd'hui le haut degré de
connaissance atteint par les polynésiens dans ce domaine.
Selon le mythe de création du monde de Ta'aroa, le dôme du ciel
maintenu par des piliers n'est que le reflet de la surface de
l'océan. Les astres de leurs cotés sont des personnages royaux
rattachés aux "marae" des "ari'i", reflet sur terre de leur position
céleste.
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