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Tout ...ce que vous n’aurez
jamais osé demander à propos du ciel en Polynésie française
Voici les chapitres proposés dans
cette rubrique :
Nouveauté :
agriculture et étoile
L’influence des étoiles et de la Lune sur les
cultures agricoles n’est pas démontrée scientifiquement, mais de
nombreuses sociétés différentes témoignent d’un savoir-faire
ancestral prêtant au ciel les vertus de calendrier et de repère
temporel permettant de maîtriser l’agriculture. De plus, si les
végétaux sont constitués en majeure partie d'eau ils subissent donc
indirectement l'influence de la lune, comme pour les marées. Si la
lune soulève les océans, il semble évident que la sève n'y échappe
pas. C'est d'ailleurs ce que démontre l'étude publiée en 1998 dans
la revue Science et réalisée par trois biologistes et de
l'anatomiste Ernst Zürcher de l'École polytechnique fédérale de
Zurich (voir encadré).
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Ernst Zürcher, "La Lune à travers les arbres "
Le diamètre des semis d'arbres
peut fluctuer en fonction des marées, conformément à un article dans
Nature. Les changements sont à peine perceptible--seulement quelques
centièmes d'un millimètre--mais les scientifiques disent qu’une
influence de la Lune pourrait être responsable du mouvement de l'eau
de la vie de cellules aux parois cellulaires. Si cela est vérifié
dans les grands arbres, le phénomène pourrait influencer certains
bois de haute qualité. Ce n'est pas la première fois que la Lune a
été trouvée pour influencer les plantes. Une grande variété de
plantes pousse mieux si elle est plantée juste avant la pleine lune,
affirme le biologiste et anatomiste Ernst Zürcher de l'Ecole
polytechnique fédérale de Zurich. Mais, tout en mesurant la
croissance des jeunes arbres sous température contrôlée, l'humidité
et l’obscurité continue, Zürcher et ses collègues ont remarqué un
cycle de 25 heures particulièrement en ce qui concerne le diamètre
des tiges. La forme du graphe (avec un cycle de deux pics) a rappelé
les fluctuations régulières de l'eau comme dans les marées, mais
beaucoup plus subtilement. Lorsqu'ils ont comparé les données sur
les diamètres des arbres avec les courbes de gravimétrie locales
(qui marquent la force de traction de gravité sur terre en raison de
la position de la Lune et du soleil) ils ont trouvé que les courbes
semblaient être synchronisées. Quand l'attraction de la Lune était
plus faible, les arbres étaient plus larges que lorsqu'elle était à
son plus fort de 5 à 10 micromètres. L'effet, qui ne dépend pas de
l'orientation de la tige, était présent même dans des sections de
tige coupées du reste de l'arbre, tant que les cellules sont restées
vivantes. Zürcher dit qu’il suspects des changements dans
l'attraction de la lune qui peuvent, d'une certaine manière,
conduire l'eau du cytoplasme dans les parois cellulaires et puis
revenir encore une fois, causant le gonflement subtil en peau de
chagrin. L'emplacement de l'eau pourrait avoir un effet important
sur le séchage et la qualité du bois récolté, dit Zürcher. En effet,
il prétend que les enregistreurs ont traditionnellement prêté
attention à la Lune, et certains fabricants de violon « envisager
des rythmes spécial lune » en choisissant des bois. Cependant, il
n'y aucun mécanisme physiologique connu qui expliquerait la sensible
de la tubulure subtile à la gravité de la Lune, explique l’expert en
biomécanique Karl Niklas, de la Cornell University à Ithaca (New
York), qui précise : « On dirait qu'il y a un phénomène réel qui est
en attente d'une explication biologique, » et ajoute « Mais il faut
être qu’il soit reproduit dans une situation contrôlée ».
(Ernst
Zürcher, “The Moon Through The Trees”, ScienceNow,
1998-04-16, by the American Association for the Advancement of
Science)
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Planter avec la Lune
Depuis des millénaires, l’Ancien Monde s’est
référé à la Lune et aux étoiles pour maîtriser l’agriculture. De nos
jours certains principes calendaires et astronomiques restent
employés.
L’influence de la Lune sur les plantes
La lune croissante ou décroissante est
traditionnellement utilisée. On profitera de la lune croissante
(forme de plus en plus « pleine ») pour:
- travailler la
terre, faire les repiquages, les plantations et les semis de toute
plante qui produit des fruits ou des graines;
- au verger, planter
les arbres et les arbustes. Ce sera aussi le moment de pratiquer
greffe ou taille.
Alors que la lune décroissante (forme de moins
en moins « pleine ») est indiquée pour:
- faire les semis de
tout ce qui ne peut pas monter en graine (salades, épinards,
oignons) et faire les récoltes;
- tailler les arbres
et arbustes dont on désire diminuer la vigueur;
- récolter les
denrées en lune décroissante, car elles se conserveront plus
longtemps.
Dans l'hémisphère nord, on dit que la Lune est
une « menteuse » parce que si elle dessine la lettre C, en fait elle
est Décroissante. Au contraire si c'est un D qui apparaît, la lune
est Croissante. On inverse donc les lettres ! Ce ne pas le cas dans
l’hémisphère sud où si elle dessine la lettre C, la Lune est
croissante et, inversement, elle est décroissante quand elle dessine
un D !
La lune montante ou descendante, plus difficile
à percevoir, est indiquée dans nos « éphémérides » (voir
encadré). Ce mouvement s’inversion d’un hémisphère à l’autre.
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Ce
que les éphémérides nous apprennent sur les cultures
Les éphémérides astrologiques,
que vous pouvez trouver facilement dans le commerce, vous donnent la
longitude de la Lune ainsi que l’apogée et le périgée de la lune
(indiqué dans par « apogee MEAN ») dans le signe zodiacal du
mois. Pour calculer sa longitude, il faut ajouter le nombre de
degrés (°) multiple de 30 par signe (Taureau + 30°, Gémeaux + 60°,
Cancer + 90°, Lion + 120°, Vierge + 150°, Balance + 180°, Scorpion +
210°, Sagittaire + 240°, Capricorne + 270°, Verseau + 300°, Poissons
+ 330°). Elles vous donnent aussi la position des nœuds lunaires
(indiqués par le symbole
Ω en table 1). C’est le nœud du nord qui est mentionné, le
nœud du sud se trouve à 180°. La lune montante ou descendante se
détermine par sa latitude au nord ou au sud. La position de la lune
dans les éphémérides situe son passage au sud, en lune descendante
(dans les signes du Gémeaux, Cancer, Lion, Vierge, Balance, Scorpion
et Sagittaire) dans l’hémisphère septentrional. A l’inverse, la lune
passe au nord à 0° du Sagittaire, en lune ascendante (dans les
signes du Capricorne, Verseau, Poissons, Bélier, Taureau et Gémeaux)
dans le même hémisphère. Ses positions s’inversent dans l’hémisphère
austral.
Notons que généralement, les
éphémérides astrologiques sont dressées pour donner la longitude de
la Lune. Dans ce cas, si vous souhaitez connaître la position de la
Lune dans les constellations astronomiques, il est nécessaire de
tenir compte de la précession des équinoxes. Pour cela, il faut
déduire approximativement un signe de celui qui est donné. Par
exemple, si les éphémérides astrologiques positionnent la Lune à 4°
du Cancer (signe). En allant à reculons dans le zodiaque, cela situe
la Lune à 4° dans la constellation des Gémeaux.
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Pour faire simple, au fil des jours, la
position apparente de la lune varie par rapport à l'horizon. Une
partie de son cycle de 27 j et 8 h elle semble « monter » pour
quelques 14 jours plus tard « redescendre ». Traditionnellement, il
est dit qu’en période de lune montante :
- la sève des
plantes monte vers les branches. Ces jours-là sont donc profitables
à tout ce qui se passe au-dessus du sol : greffes, semis, pousse des
branches...
- tous les légumes
feuilles (salades, épinards, choux, poirées…) et le gazon ont une
croissance stimulée,
- les fruits
récoltés seront plus juteux et resteront frais plus longtemps ;
Alors qu’en période de lune descendante :
- la période est
propice à ce qui se passe sous terre (plantation, repiquage,
enracinement des boutures qui reprendront mieux..) mais également
aux tailles, qui sont mieux supportées,
- c'est aussi le bon
moment pour récolter les légumes racines (carottes, navets, patates,
radis, etc.).
- pour tous vos
travaux de repiquage, plantation, etc…
Dans ces principes, il est déconseillé de
jardiner lors de l’apogée et le périgée de la Lune comme lors de
son passage sur les nœuds lunaires.
Calendrier des semis et récoltes des
plantes : saisons sèche et humide
De façon générale, les semis et les récoltes se
font en saison chaude et sèche dans l’hémisphère septentrional : au
printemps pour les semis et en été pour les récoltes (voir encadré
n°3). En Polynésie française, le calendrier annuel est moins
pertinent. Selon Météo France, en Polynésie française la
classification des climats repose principalement sur des critères de
température, de hauteurs de précipitations, et à un degré moindre,
sur la durée d'insolation. De par sa position géographique, le
climat polynésien est tropical de type maritime humide. On distingue
généralement deux grandes saisons :
- De novembre à avril, une saison dite
«chaude» ou été austral qui coïncide avec une humidité plus
importante
- De mai à octobre une saison dite «fraîche»
ou hiver austral qui coïncide avec une humidité moindre.
Toutefois, « cette distinction très simple du
cycle saisonnier ne s'applique pas rigoureusement à toutes les
îles ». Du fait de la grande étendue latitudinale de la Polynésie
française, chaque archipel est soumis à des types de temps bien
spécifiques. Ainsi, le nord de l'archipel des Marquises connaîtra
plutôt un type de temps tropical aride alors que le sud de
l'archipel des Australes est plutôt soumis à un type de temps des
moyennes latitudes.
Ceci dit, étant entendu qu’il est conseillé de
prendre en compte l’humidité et la pluviométrie, plutôt que
l’ensoleillement : la saison sèche peut être conseillée pour les
semis et les récoltes lors de la saison humide.
L’école « biodynamique »
Une école européenne est née sous l’influence
de l’astrologie. « L'agriculture biologique dynamique appelée
communément biodynamie est un système de production agricole dont
les bases ont été posées par l'anthroposophe Rudolf Steiner dans une
série de conférences données aux agriculteurs en 1924 »
(http://fr.wikipedia.org/wiki/Agriculture_biodynamique).
D'une façon générale, dans la perception des ces rythmes, les
astres sont vus du point de vue d'un observateur égocentré. Les
calendriers tiennent compte de la précession des équinoxes
c'est-à-dire qu'ils sont basés sur les données du zodiaque
astronomique. Cette école a bien cernée le problème de la précession
des équinoxes et fait la distinction entre signes et constellations,
en choisissant d’observer les constellations. Ce système est donc
applicable d’un hémisphère à un autre sans devoir procéder à une
inversion des signes saisonniers.
En biodynamie, les constellations lunaires sont
utilisées pour répartir les tâches jardinières entre racine, fruit,
feuille et fleur. L'utilisation de ce rythme a été popularisé par
Maria Thun (2007) qui a procédé à des semis journaliers de radis en
sol pauvre et sans irrigation. Celle-ci constate des variations
morphologiques, avec des parties de la plante plus ou moins
stimulées selon le jour concerné, et donc la constellation du
zodiaque du moment du semis. Inversement les plantes appartiennent à
l'une ou l'autre de ces catégories selon la partie de la plante
utilisée : il convient alors de les semer et de les soigner
préférentiellement aux dates feuille, fruit, fleur ou racine.
On notera que si la biodynamique se vente
d’utiliser des références astronomiques, sous prétexte qu’elle prend
en compte les constellations du zodiaque, la répartition des types
de plantes suit, en revanche, la logique des quatre éléments qui,
historiquement, sont dévoués aux signes astrologiques. Cette
conception de l’agriculture influencée par les astres, n’est-elle
pas un héritage de l’astrologie médiévale ?
Plantes et étoiles en Polynésie
Les traditions polynésiennes de l’horticulture
qui se réfèrent aux astres n’ont, elles, rien à voir avec une
quelconque influence occidentale liée à l’astrologie occidentale.
Étoile et cycle de l’abondance du fruit de
l’arbre à pain
Teuira Henry relate les différentes variétés du
‘uru :
« Il y a environ quarante variétés du Uru :
aipu'u, apiri ou ati'ati, apo'oahu, araoro (de très gros
fruits), aravei (également très gros), aume'e avei
(gros fruit avec une peau très rugueuse), fara (à Papara
belle variété avec fruits en grappes de trois ou quatre), haama
(variété de montagne), havana (beau fruit de qualité),
havana pataitai (beau fruit de qualité), ma'aro'aro, maire,
mamatea, manina, 'o'ir'i, otea, pae'a (fruits longs et gros, les
plus tardifs et peu nourrissants), rapara (à Tema'c, Mo'orea,
et à Tautira), pa'i-fe'e, patea, pererau-ohua (à Arue),
peti, panafara, puero, pureru ou aope (fruit qui ne peut
être rôti sur des pierres, mais peut être bouilli ou cuit au four),
puta, pu'upu'u (dont 1'écorce épaisse donne le plus beau tapa
d'un blanc superbe), rare, raumae, taea, tatara, tao, ti'atea,
toarau, tohe hava'e, tohe-ti'apou, 'uruhuero (de Raratea [sic]
le fruit contient des graines noires comestibles.), 'uru-ma'ohi
(le plus répandu, très bonne variété), rare-autia »
(Henry, 1993, p.49).
Elle nous aussi que : « La saison des fruits
dure de trois à quatre mois, mais il y a trois récoltes par an et
des variétés plus ou moins tardives qui permettent d’en profiter
neuf mois de 1'année » (Ibid., p.48), ce qui nous permet de
relativiser l’idée reçu sur le cycle de l’abondance du ‘uru
qui verrait une seule saison, en novembre-décembre, pour la
maturation du fruit. Personnellement, j’entretiens un arbre dont la
variété semble être celle de fara qui donne des fruits toute
l’année.
Néanmoins, les sources ethnologiques attestent
de calendriers astronomiques en relation avec la maturation des
fruits de l’arbre à pain.
Le fruit de l’arbre à pain, appelé mei
aux Marquises, est en étroite relation aux Pléiades (mataiki)
et à Antarès (ehua). Mataìki et Ehua
apparaissent souvent dans les études ethnographiques où elles sont
tous deux des noms de constellations et où l’on fait référence à la
généalogie des lunes ou mois lunaires dont Atea ou Vatea (divinité)
est le père d’où sont issus les mois lunaires ehua (décembre)
et makaiki ou mataiki (mai). Le Cleac’h mentionne que
ehua et mataiki sont des termes appliqués au cycle des
saisons soit le cycle annuel ou l’équivalent de l’année. Selon les
natifs, ces termes ne sont pas employés comme des mesures de temps
mais plutôt pour indiquer les grandes récoltes de fruit à pain dont
ehua et mataiki ou me’i nui sont les
principales d’où mei nui (grande quantité de fruits à pain).
Aux Marquises, une fête appelée vaihopu célébrait la fin de
la période d’abondance et qui avait lieu au mois de mai. Le village
construisait un grand four et y mettait des fruits à pain. Ces
fruits à pain se conservaient longtemps dans le four. Les gens en
consommaient quand ils en avaient envie. Le fruit à pain était
également conservé par la fermentation ma dans un silo de
fermentation du fruit à pain ùa ma pour le temps de pénurie
(source : Equipe langues 16/11/2006, Ministère de l’Education
http://74.125.45.132/search?q=cache:e2n5XXF5x7AJ:www.tepapa.
pf/2006%25202007/Matarii/Matarii%2520document2.doc+matari%27i+i+raro&hl=fr&ct=cln
k&cd=4).
Ehua et Mataiki étaient des
termes employés en référence aux saisons chaudes ou fraîches ainsi
qu’à l’état de la mer. Mataiki à la saison fraîche quand la
mer est calme sur les côtes nord et rude au sud et ehua à la
saison chaude quand la mer est rude sur les côtes nord et calme au
sud. Mais ils servent aussi à scinder l’année en périodes de récolte
du fruit de l’arbre à pain dont les mois correspondent à des noms
d’étoiles. La saison courte ou kavea marque le début du cycle
des récoltes du mei (meinui), entre décembre (mei)
et janvier (ehua), le terme ehua désignant Antarès. La
grande saison du mei, entre mars et avril, est nommée ua
ou ehua et désigne la même étoile dans la constellation
du Scorpion dont les Pinces apparaissent au coucher du soleil
précisément entre mars et avril. La saison courte du mei,
appelée komui, est en juin ou takeo, correspondant à
l’étoile Bételgeuse (takeo), dans la constellation d’Orion,
qui apparaît le matin avant le lever héliaque. La saison moyenne du
mei, qui se situe à la fin de la saison mataiki, en
septembre, est appelée mataiki (Pléiades).
Il existait le même rapport entre le ‘uru
et les Pléiades dans les îles de la Société.
C’est à Tahiti que l’on peut situer ce que nous sommes tentés
d’appeler la « société de l’Abondance » parce qu’idéologiquement
parlant les Pléiades servaient de faire-valoir aux chefs qui, grâce
aux étoiles, instauraient un système de don céleste permettant
d’asseoir leur pouvoir.
A Tahiti le calendrier (festif, rituel et
agraire) était déterminé par l'observation des phases de la Lune et
la littérature ethnographique donne à penser que l’alternance des
saisons était déterminée par l'apparition ou la disparition des
Pléiades (Matari’i). Selon cette littérature, leur arrivée, c'est à
dire le lever vespéral des Pléiades (au coucher du soleil), était
liée à la fois : au début de la saison d'Abondance, au retour des
ancêtres et au début des grands rites et des fêtes annuelles ; leur
départ, au départ des morts, à la fin des festivités 'arioi
et au début de la période de disette. La période de visibilité des
Pléiades allait à quelques jours près à la fin du XVIIIe siècle du
20 novembre au mois de mai, correspondant également à la saison
humide et chaude, alors que l'autre moitié de l'année correspondait
à une saison moins humide et plus froide. Voici ce que nous en dit
le roi Pomare en 1818 :
Voici les périodes royales observées
par les Tahitiens. Ce sont les Matari'i i ni'a (Pléiades au-dessus)
et les Matari'i i raro (Pléiades en dessous). Lorsque les Pléiades
brillent pour la première fois à l'horizon vers la constellation de
la ceinture d'Orion [ Mere] dans le crépuscule du soir, dans le mois
de tema (éclaircissement), le 20 novembre, elles sont les
signes avant coureur d'une saison d'Abondance. Matari'i i ni'a est
alors la saison (...). Matari'i i raro est la saison qui commence
dans le mois de au unuunu (suspension) en mai, quand ces
petites étoiles disparaissent à l'horizon dans le crépuscule du soir
jusqu'à ce qu'elles brillent à nouveau au-dessus de l'horizon dans
le crépuscule du mois de tema en novembre. C'est la saison de
pénurie.
Notons que les termes Matari’i i nia et
Matari’i i raro désignent à la fois le début des dites
« saisons » et les Pléiades elles-mêmes, soit lorsqu’elles sont
au-dessus (nia) soit lorsqu’elles sont en dessous (raro)
de l’horizon. Du moins, c’est la traduction qu’on a faite de ces
deux termes (nia et raro). Une observation attentive
des Pléiades, néanmoins, permet de restituer une traduction plus
proche de la réalité astronomique. En mai, elles sont pratiquement
occultées par le soleil, mais fin mai (à partir du 20), puis en
juin, elles sont visibles à leur lever juste avant l’aube, mais
seront rapidement rattrapées par le lever héliaque. De sorte
qu’elles n’apparaîtront que très basses (raro) sur l’horizon
(basses sur l’horizon et non sous l’horizon, comme la
traduction le laisse entendre), alors qu’en novembre (actuellement
vers le 20 novembre) elles se lèvent au crépuscule et restent
visibles toute la nuit bien hautes dans le ciel ou « sur » l’horizon
(nia).
Ainsi, le
« calendrier pléiadien » des anciens Polynésiens accuse fortement un
type de représentation visuelle du temps, car lorsque l’Abondance
était annoncée par les Pléiades (le 20 novembre), ce n’était pas
seulement leur « apparition » nocturne qui était célébrée mais leur
omniprésence dans le ciel, d’est en ouest, bien haute sur l’horizon.
Une présence qui, encore aujourd’hui, dure toute la nuit ! C’est
donc leur durée de présence nocturne au-dessus de l’horizon qui
pouvait être perçue en tant qu’indice de fréquence quotidienne de
l’ « Abondance retrouvée », symbolisée par les « petits yeux ».
Concernant le
rapport du pouvoir local et la perception tahitienne du cycle
rituel, les travaux de l’ethnologie ont montré le fonctionnement
d'un fantasmatique tahitien associant aux chants et danses du cycle
festif de la secte des ‘Arioi, lever et disparition des Pléiades,
dieu de la guerre et dieu de la paix. La couleur rouge, celle du
mati (graine permettant la coloration du visage utilisée par les
membres de la secte 'arioi) et des plumes du maro (la
ceinture emblématique de l'investiture royale), semble avoir eu
aussi son importance dans la symbolique des couleurs où ‘ura
signifie « de la couleur du soleil ».
Étoiles et tabou : des Maoris aux Pascuans
Les Pléiades et l’étoile Véga sont liées à la
culture des kumara (patates douces), chez les Maoris de
Nouvelle-Zélande. A Hawai’i comme à Tahiti, les levers vespéraux des
Pléiades étaient observés pour déterminer le retour de l’Abondance
et régler le pouvoir des chefs, alors qu’à l’Ile de Pâques et en
Nouvelle-Zélande où les populations ont été confrontées à de
profonds bouleversements écologiques, l’observation des Pléiades
avait lieu juste avant l’aube. C’étaient les levers héliaques des
Pléiades, c’est-à-dire leurs levers précédant celui du soleil, qui
marquaient les périodes des restrictions et des tabous des chefs.
En Nouvelle-Zélande les Pléiades, auxquelles
les chefs commandaient ailleurs l’Abondance, annonçaient pour les
Maoris le lourd tabou agraire qui pesait sur les champs de patates
douces pendant près de 9 mois. Les travaux débutaient à l’apparition
des Pléiades (Matariki), à leur lever héliaque de juin, qui marquait
la période des premières semailles des patates douces. Elles étaient
saluées par des danses et des chants : « Nga kai a Matariki nana
i ao ake ki runga : Matariki débarque ses nourritures !». Tant
que les semailles n’avaient pas commencé, tout était libre de
tapu, sans limites ni restrictions, mais à partir du moment où
l’on commençait à toucher aux tubercules et jusqu’à la récolte, tout
devenait tapu. Les périodes du repiquage différaient en
fonction des régions, en accord avec les saisons, mais les trois
mois qui leur étaient consacrés allaient de septembre à novembre (tapere
wai, tatau urutahi et tatau uruora). C’est la
visibilité de Véga au lever héliaque qui annonçait la fin de l’été
et le début des récoltes des patates douces, en mars-avril. Selon la
tradition Awa, le lever héliaque de Whänui
était considéré comme le signe du commencement de la récolte des
kumara. Selon une autre tradition, les kumara étaient
bêchées durant le dixième mois (mars-avril) qui était marqué par le
lever de Poutu te rangi (Altaïr ou Antarès). Les Maoris, outre Véga,
se fiaient à plusieurs étoiles pour déterminer le cycle agraire des
kumara. Les trois autres étoiles observées étaient : Tautoru,
le baudrier d’Orion; au sud, Rigel (Puanga), qui annonçait
l’Abondance par son nom évocateur du sexe féminin et, enfin au nord,
Whakaahu (Castor ou Pollux) dont le nom est directement
évocateur puisqu’il signifie littéralement monticule, comme celui
que faisaient les agriculteurs pour planter les patates douces.
Atutahi (Canopus), dont le nom désigne aussi la blanchaille, ainsi
que Poutu te rangi (Altaïr ou Antarès), dont le nom peut être
interprété comme le pieu du ciel, ont pu aussi avoir leur
importance.
L’utilisation astronomique de Véga, qui
marquait le moment de la récolte, était justifiée par le mythe
d’origine des patates douces. Selon celui-ci, c'est Rongo-Maui qui
monta au ciel pour avoir des enfants kumara de l’étoile Véga
(Whänui).
Mais Véga ne voulait rien entendre, Rongo-Maui vola alors les
patates douces et, de retour sur terre, il les enfouit dans son
pénis et institua les fours cérémoniels.
La mythologie maorie donne aussi à Maui (devenu
Rongo Maui) le rôle de pourvoyeur de nourritures célestes. Le mythe
maori raconte comment les patates douces descendirent sur terre
parce qu’elles proviennent de la source de Véga. C’est à Rongo Maui
que revint le devoir de dérober les précieuses patates, car l’étoile
frère (Véga) ne voulait en aucune façon les partager avec ses pairs.
Pani tinaku, la mère des patates douces, était aussi la femme de
Rongo Maui qui était lui-même le plus jeune frère de l’étoile Whänui
(Véga). Le mot tinaku signifie « germer », ainsi Pani peut
être qualifiée de Germinatrice. Elle est censée être la mère des
kumara. Une version fait de Pani le fils de Rongo, mais les
autres versions en font une femme dont l’estomac contenait les
kumara. Une version donnée par les Ngati awa de Whakatane,
présente Rongo Maui comme époux de Pani et comme le plus jeune frère
de Whänui
(Véga). Rongo Maui monte au ciel pour avoir des enfants kumara
de son frère aîné Whänui.
Pour cela il récite un charme. Mais Véga ne veut rien entendre,
Rongo Maui lui dérobe alors les tubercules et c'est seulement de
retour sur terre qu'il les enfouit dans son pénis (ure) et
s’unit à Pani pour qu’elle mette au monde sa progéniture. Il lui
dit : « Va dans les eaux de Mona ariki pour donner naissance à tes
enfants ». Les enfants kumara, qui naquirent dans l’eau et
sous la répétition du charme de Rongo Maui, furent : Toroamahoe,
Matatu, Pio... correspondant aux noms donnés aux différentes
variétés des patates douces. Dès lors, Rongo Maui déclara la
nécessité d’établir les fours cérémoniels pour les usages de la
cuisson, les différents fours correspondant aux différents grades de
personnes tapu des deux sexes et, enfin, les différents fours
pour les prêtres, les chefs et le peuple.
Chez les Maoris, parce que le lever matinal de
Whänui
(Véga) était le signal du bêchage des patates douces (kumara),
cette étoile était considérée comme la pourvoyeuse de ces dernières.
Ainsi, le dieu de l’agriculture, Rongo (comparable à Lono à Hawai’i
et à ‘Oro à Tahiti), fit partager les tubercules à toute l’humanité.
L'étoile Véga de la Lyre, d'où les kumara sont originaires
selon la légende, n'est plus visible au lever héliaque durant la
période du tabou jeté sur les champs de patates douces, alors
qu'elle l'est à la levée du tapu pendant les récoltes
d'automne et tout l'été austral pendant lequel on se dépêchait de
rentrer les tubercules dans les silos avant l'arrivée des pluies
d'automne.
Nous avons vu que les Maoris qui observaient
toujours les Pléiades à leur lever, avant que l’aube ne sépare
définitivement la terre du ciel, considéraient les étoiles comme les
pourvoyeurs des nourritures célestes. D’autre part, dans la
cosmogonie maorie, c’est le dieu Täne
qui seul parvient à séparer la Terre (Papa) du Ciel (Rangi). Le dieu
symbolise donc la lumière pénétrant la nuit, à l’aube, pour détacher
de l’horizon le firmament scellé à la terre. Après avoir été
occultées par le soleil (en avril-mai), les Pléiades, à leur
réapparition précédant le lever héliaque de juin, symbolisaient ces
nourritures célestes dont les rites et danses visaient à retenir
l’Abondance avant que la lumière de Täne
ne rende les étoiles à nouveau imperceptibles. Mais pour que
l’Abondance soit de retour, à l’apparition de Véga (l’étoile signe
du bêchage), il fallait qu’en juin la terre soit frappée d’interdit.
Ce sont donc les étoiles des Pléiades, chacune ayant reçu le nom
d’un chef mythique, qui symbolisaient la volonté des puissants et
son corollaire : les tabous sur la Terre-Mère.
C’est vers la même époque de l’année que les
Pascuans se voyaient aussi sous le joug des interdits commandés par
les chefs. A Rapa Nui, la connaissance scientifique de la
progression des saisons était accompagnée de rites et de cérémonies,
présidés par le chef ariki, pour ouvrir les plantations et
les récoltes. Le début de l’année avait lieu au mois de juillet dont
le nom pascuan, anakena, est aussi le nom du lieu mythique
d’arrivée des ancêtres pascuans. Plus exactement, le cycle pascuan
s’articulait autour de la période d’hiver (tonga) qui
marquait l’instauration des tabous et des compétitions :
a) Tonga iti (hiver): d’avril à
mai ou mai-juin, correspondant à la saison des pluies et à l’arrivée
des vents forts du nord-est ainsi qu’au début de la période des
tabous des chefs sur les produits de la mer.
b) Tonga nui (solstice d’hiver):
fin juin – août : début de cycle (juillet, anakena).
Tout d’abord une période, tonga nui, de
fin juin au mois d’août, puis hora iti de septembre à la
mi-octobre. C’est la période au cours de laquelle ont lieu les
festivités de l’homme-oiseau (tangata manu), préfigurées à
partir de juillet à Mataveri, puis instaurées au village Orongo
jusqu’à ce que les frégates arrivent vers la fin août et le mois de
septembre.
Le cycle de l’homme-oiseau semble se référer,
en juin, à l’apparition des Pléiades. Les ethnologues acceptent en
général l’idée selon laquelle les Pléiades auraient pu marquer le
début des festivités lors du solstice d’hiver, les phases lunaires
jouant également un rôle de premier plan pour ce même calendrier
festif qui débutait fin juin lors de la période nommée tonga nui.
Le rôle des Pléiades était donc de marquer en juin, le début des
festivités de l’homme-oiseau, mais également de marquer l’arrivée de
l’hiver (mi-avril début mai), lorsqu’elles étaient pratiquement
occultées par le soleil à l’avènement de tonga iti marqué par
les vents du nord-est et les pluies. Tonga iti, c’est aussi
la fin du cycle festif, des fruits de l’été et le début du tapu
royal sur la mer. Cette période était marquée par la disparition des
Pléiades, puis, en juin, leur réapparition au lever héliaque
marquait le mois anakena de la période tonga nui au
solstice d’hiver. L’hiver proprement dit, qui commençait dès
avril-mai lorsque les Pléiades n’étaient plus visibles, marquait la
période des interdits et des restrictions. C’est à la réapparition
des Pléiades, avant le lever héliaque, que le mana du ciel
devenait l’enjeu des compétitions entre chefs afin de déterminer
qui, des différentes tribus, deviendra l’homme victorieux de
l’année.
Les Pléiades du curcuma : Tikopia
Après l’Île de Pâques et la Nouvelle-Zélande,
abordons un archipel beaucoup moins connu. Bien que située
géographiquement en Mélanésie, Tikopia présente, par son
organisation sociale et sa religion traditionnelle, plus d’affinités
avec la Polynésie qu’avec la Mélanésie. Aussi qualifie-t-on l’île
d’enclave ou d’avant-poste (outlier) polynésien. Raymond
Firth a réalisé une étude de terrain sur les habitants de Tikopia
qui est de premier plan pour deux raisons majeures. Premièrement,
elle constitue, en quelque sorte, un cas extrême : Tikopia est très
peu représentatif d’une astronomie calendaire comme il y a pu en
avoir en Polynésie orientale. Deuxièmement, la référence
astronomique des Tikopians reste essentielle, en dépit de son
désintérêt pour l’établissement du calendrier, parce qu’elle régit
le cycle rituel, ce qui nous semble être le propre de l’astronomie
polynésienne. Dans son étude sur le « travail des dieux », Firth
nous renseigne sur la nature cyclique des festivités rituelles de
première importance. Les fêtes rituelles étaient préparées sans
l’aide de calendrier pour leur planification sur six semaines trois
fois par an. En 1928-29, puis en 1952, il fut établi que les
Tikopians mémorisaient les rites des « travaux des dieux » sans
dates calendaires, mais à l’aide d’une combinaison des changements
naturels de la végétation avec ceux de la lune et des étoiles sur
des séquences comptées de nuits.
La fabrication de curcuma est quelquefois
réglée par le lever des Pléiades, mais d’ordinaire elle est établie
sans une telle référence. Mais la position des étoiles est utilisée
en tant que guide général. L’ethnologie de Tikopia relate qu’un des
derniers représentants des traditions séculaires, l’Ariki Kafika,
affirmait que lorsque les Pléiades apparaissaient au-dessus de
la mer vers l’est, à l’aube, c’était le signal du « travail des
alizés » qui commençait.
« A cette époque, Taro, une autre
étoile, encore haute dans le ciel à l’aube, descendait dans le ciel
lorsque le travail était en plein exercice. Une fois encore, il
était dit que le lever de Taro donnait le signal de l’approche du
travail. Le travail de la mousson avait aussi un guide. Quand Manu,
une étoile brillante, passait au zénith dans la soirée c’était pour
marquer la saison des travaux à entreprendre. Saraporu, une autre
étoile importante, était à mi-chemin dans le ciel de l’ouest dans la
soirée à cette époque : vers la fin du travail, quand le festival de
danse commençait, Saraporu descendait en dessous de l’horizon dans
la soirée. La plus importante des fonctions stellaires consistait,
en réalité, plus à donner le signal à la préparation du travail que
de commencer le travail proprement dit. Une autre façon de connaître
la mousson était donnée par l’arrivée d’oiseaux migrateurs, les
tourne-pierres, qui venaient du nord vers octobre. Les conditions de
la vie végétale étaient aussi évoquées, mais il y avait aussi
certains phénomènes sociaux, comme l’intervention des dieux
eux-mêmes, par la bouche de médiateur humain, qui jouaient un rôle
certain ».
Danses et extraction tiennent compte aussi de
l’apparition du blason écarlate des érythrines (kalokalo ou
ngatae) dont la couleur rouge est en sympathie avec le
curcuma. La saison nuanga (curcuma) est mise en relation avec
les mouvements des Pléiades. Cette constellation, Matariki
(Pléiades), apparaît à l’horizon est avant l’aube à l’ouverture de
la saison des alizés.
Calendriers lunaires et fa’a pu
Notre fa’a pu, qui demande moins de
travail que les potagers de l’hémisphère européen, est en étroite
relation avec le cycle de la lune. Ceci, tant d’un point de vue
symbolique que de façon très pragmatique. En effet, les noms des
phases lunaires évoquent le cycle de la vie végétative et certaines
lunaisons sont traditionnellement recommandées pour les travaux du
jardin.
Phases lunaires à Tahiti
Chaque nuit des anciens Polynésiens correspond
à une technique de pêche donnée dans le fameux calendrier lunaire de
Stimson. Le calendrier tahitien évoque certaines techniques de
pêche, mais également celles de l’horticulture.
« Durant la 15e nuit, hotu, la lune qui se lève
peu avant le coucher du soleil est pleine et la matinée qui suit
cette nuit est la plus indiquée pour mettre en terre des plantes
comestibles. Les poissons courent, il faut utiliser le filet mais en
tournant son ouverture vers le large. Les enfants qui naissent cette
nuit auront de très gros yeux »
Le calendrier agricole à Hawai’i
Le calendrier lunaire hawaïen est cependant
plus prolixe en matière agricole, comme en témoignent de nombreux
exemples. Hilo, « étroit anneau » de lumière, était un bon jour pour
semer des melons d’eau, des courges, des bananes, de la canne à
sucre, du taro, des tubercules, etc… Hoaka était le deuxième
jour du mois. C’était un jour favorable pour planter En revanche,
durant la nuit Ku-kolu (la cinquième nuit), il était inutile que les
agriculteurs plantent patates, bananes, courges : elles pousseraient
en hauteur comme de cocotiers ! Ole-ku-kaki était le septième jour
de la lunaison. L’agriculteur ne devait pas semer ce jour-là. De
même Ole-ku-lua, la huitième nuit de la lunaison, les agriculteurs
n’aimaient pas planter ce jour-là, alors que cette phase était
favorable à certains pour faire pousser des plantes vertes dans les
champs. Durant la dixième nuit, Ole-pau, les agriculteurs qui
étaient en quête de bonnes récoltes ensemençaient leurs champs.
C’était un jour fertile disaient les cultivateurs. Le jour de ole-pau,
le fruit de l’arbre à pain rassemblait toutes ses forces pour
grossir. Il en était de même pour les autres plantes. Parmi les
autres nuits : Mohalu, Hua et Hoku étaient propices à l’agriculture.
Kulu était la dix-septième nuit de la lunaison. Les agriculteurs
mettaient tous leurs espoirs dans ce jour. Les patates ou les melons
deviendraient gros si les pieds étaient plantés ce jour-là d’après
les agriculteurs. Laau-ku-kahi était la dix-huitième nuit de la
lunaison, peu appréciée des cultivateurs. Laau-ku-lua était la
dix-neuvième nuit de la lunaison. C’était un jour très apprécié des
agriculteurs. Laau-pau était la vingtième nuit de la lunaison.
C’était le jour destiné aux plantations. La mer était tumultueuse.
Ole-ku-kahi était la vingt et unième nuit de la lunaison. C’était le
bon jour pour planter des boutures de patate, des rejets de
bananiers, des graines de courges. Ole-ku-lua était la
vingt-deuxième nuit de la lunaison. Un bon jour pour planter, un
jour de mer agitée. Les caractères de naissance de ce jour étaient
ceux d’une brave personne, modeste et tranquille. Ole-pau était la
vingt-troisième nuit de la lunaison. Les caractéristiques étaient
les mêmes que pour Ole-ku-lua. Le tabu commençait ce jour-là. Kaloa-ku-kahi
était le vingt-quatrième jour de la lunaison. C’était un jour de
plantations, mais les tiges de patates, des melons ou des bananiers
s’allongeraient rapidement et les fruits ne se développeraient pas
vite. Kaloa-ku-lua était le vingt-cinquième jour de la lunaison.
C’était un jour favorable pour planter des tubercules ainsi que pour
les caractères de naissance des hommes. Kane était le vingt-septième
jour de la lunaison. C’était un jour de prières, et le jour suivant,
celui de Lono, il était dispensé de prier. Lono était le
vingt-huitième jour de la lunaison. C’était un jour destiné à
planter des patates. Mauli était la dernière nuit où la Lune était
visible, et son nom signifie « le dernier souffle ». C’était un très
bon jour pour planter, un jour de marée basse. Muku était la nuit la
nuit où la lune ne se levait pas. C’était un jour pour planter des
tubercules.
Bien loin de l'agriculture occidentale, les
techniques agraires polynésiennes ont à gagner leurs lettres de
noblesse à travers leur originalité. La plus connue de ces traditions
étant celle des Pléiades liées au
cycle d’abondance du fruit de l’arbre à pain. Mais, bien d’autres
traditions plaident en faveur d’une plus grande connaissance
astronomique liées aux étoiles.
Bibliographie :
Best Eldson, Les
connaissances astronomiques des Maoris, éditions du C.I.E.L.,
2011.
Cruchet L., Le
ciel en Polynésie, L’Harmattan, 2005
Firth R., History and Traditions of Tikopia, New Zealand,
Wellington, The Polynesian Society Inc., Avery Press Ltd, 1961.
Firth R., The Work of the Gods in Tikopia, monographs on
social anthropology N° 1 and 2, Australia, Victoria, Melbourne
University Press, 1967.
Le
Cléac’h H. (Mgr), Pona tekao tapapa’ia. Lexique
marquisien-français, Papeete, 1997
Maud Makemson
(traduction Christine Pham), The morning
star rises, 1941
Thun Maria, Calendrier des semis 2007, Éd. Mouvement de
Culture Bio-Dynamique, 2007
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