Manifestation des Pléiades dans le triangle polynésien

Les Pléiades étaient les guides des premiers navigateurs polynésiens qui marquaient aussi le début de l’année à leur lever, au moment du coucher du soleil, aujourd’hui à Tahiti, à partir du 20 novembre et tout le mois de décembre, alors qu’il y a un millier d’années leur lever avait lieu un mois plus tôt. Les Pléiades ont servi de repère astronomique sur un très vaste espace géographique. Sur notre tableau, le rôle des Pléiades apparaît très nettement en faveur d'un rythme agraire régi par le cycle de l’alternance des saisons (sèche/humide), dépendant de la courbe annuelle des précipitations dues aux alizés et aux anticyclones.

Correspondance des Pléiades avec la saison des pluies, en Polynésie orientale

A Tahiti, c’était le lever vespéral des Pléiades (c’est-à-dire au coucher du soleil) qui régissait le cycle rituel et agraire parce que les pluies tombaient en novembre, alors que dans l’hémisphère nord, où Hawai’i est soumis à l’anticyclone californien amenant les pluies en novembre, c’était toujours le lever vespéral qui régissait le cycle agraire et rituel. Les Maoris ont « inversé » le cycle des Pléiades en Nouvelle-Zélande, là où le climat plus tempéré amène les pluies de l’automne fin mai, mais à Hawai’i, dans l’hémisphère nord, c’est toujours le lever vespéral des Pléiades qui célèbre les pluies et l’abondance en novembre.

Tout se passe comme si, aux trois pointes du triangle de la Polynésie orientale, la coïncidence des pluies à l’apparition des Pléiades réglait l’horloge cosmologique sur celle des sociétés des Polynésiens. Même dans les archipels proches des tropiques ou aux latitudes subtropicales où, en conséquence, l’existence d’un calendrier solsticial est plus probante, les Polynésiens sont, semble-t-il, restés attachés à l’usage de l’observation des Pléiades pour déterminer le cycle de leurs activités (économiques, religieuses, politiques) et pour déterminer la levée et l’imposition des tabous royaux. Partout dans la conscience polynésienne, les Pléiades semblent avoir symbolisé la présence divine apportant l’Abondance ou étant susceptible de la restreindre.

Célébration des Pléiades dans les îles de la Société

Carte du ciel lors de la célébration du Matari’i i nia :

Le 20 novembre, lever des Pléiades : apparition des Matari'i, le soir (19h00) après le coucher du soleil.

Durant la nuit du 20 novembre, les étoiles (Matari'i) restent bien visibles pendant 10 heures, jusqu'à l'aube du 21 novembre

Le 21 novembre, coucher des Pléiades : les étoiles (Matari'i) restent encore visibles jusqu'à 5 heures, avant le lever du soleil.

A Tahiti et dans les îles de la Société, le retour de l’abondance est annoncé par l’apparition vespéral des Pléiades qui montent dans le ciel durant toute la nuit, d’où le terme de Matari’i i nia.

Lors de la célébration des Matari’i i raro, les Pléiades sont occultées par la lumière solaire et ne sont plus visibles sur l’horizon au coucher du soleil. C’est l’annonce de la saison fraîche et des périodes des restrictions et d’imposition des rahui.

Mais, en fait les Pléiades ne « disparaissent » pas pendant toutes la périodes de restriction, mais restent basses sous le soleil, d’où l’emploi de raro qui signifie « en bas ».

Voici un tableau d’amplitude annuel de visibilité des Pléiades, sous la latitude de Tahiti.

On peut constater que les Pléiades sont visibles environ 10 heures en Novembre, 9 en décembre et octobre, 7 à 8 heures en septembre et janvier etc…, mais qu’en aucun cas elles « disparaissent » de juin à octobre. En effet, les Pléiades sont à peine visibles au crépuscule en juin, mais en juillet elles sont déjà bien visibles plusieurs heures à leur lever durant les dernières heures de la nuit.

Calendrier des prochaines manifestations des Matari'i

 Mais quel temps fera t-il ?

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