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Conférence

5 décembre 1998 : L'ethnoastronomie d'ici et d'ailleurs

 Résumé : Louis Cruchet a tenu une conférence sur "l'ethnoastronomie d'ici et d'ailleurs". Louis Cruchet part du constat que, à une connaissance astronomique avérée, il correspond une mythologie. La difficulté résidant dans cette dernière. Aux Etats-Unis, trois volets de sciences humaines se sont développées, l'ethnoastronomie, l'ethnoastrologie et l'archéoastronomie. en pratique, l'ethnoastronomie et l'ethnoastrologie consistent à étudier les systèmes de représentation des astres dans des sociétés traditionnelles. l'étude de la culture, des arts, des mythes, de certaines formes d'écriture, montre une relation entre la forme de la société et la représentation du cosmos, et finalement le cosmos lui même.
Pour la Polynésie, le cas des mythes marquisiens est exemplaire. Recueillis en langue marquisienne, ils furent traduits en allemands, puis en français. Cette cascade de traductions rend le texte inexploitable de fait. Revenir à la langue vernaculaire apporte une lumière nouvelle, et permet de découvrir une représentation très particulière du cosmos. Les noms, les répétitions et les variantes peuvent être considérés comme des moyens mnémoniques de donner la position des astres en fonction du temps.

Coupure de presse :

La Dépêche du lundi 7 décembre 1998, page 36.

CE QUE CACHENT LE SCORPION ET L'HAMEÇON

Lors d'une conférence à l'université vendredi, soir, Louis Cruchet a lancé un appel pour que les études en sciences humaines sur les systèmes de représentation des astres soient mises en œuvre en Polynésie au moins autant que pour l'Ancien monde.

Vendredi soir, à l'Université française du Pacifique, Louis Cruchet a tenu une conférence sur "l'ethnoastronomie d'ici et d'ailleurs". Louis Cruchet part du constat que, à une connaissance astronomique avérée, il correspond une mythologie. La difficulté résidant dans cette dernière. Aux Etats-Unis, trois volets de sciences humaines se sont développés, l'ethnoastronomie, l'ethnoastrologie et l'archéoastronomie. L'Ethnoastronomie est née dans un contexte de recherche interdisciplinaire, associant l'exactitude astronomique à la littérature ethnologique. On sait que la tradition orale de Polynésie et de nombreux textes ethnographiques font ainsi référence aux astres. L'ethnoastrologie évoque un aspect ésotérique. Les ethnologues qui relatent les connaissances astronomiques et les mythes relatifs aux astres, ne font pas distinction entre astrologie et astronomie. Ainsi, jusqu'à une époque récente, on ne faisait pas distinction entre astrologie, sciences des astres, de leurs combinaisons apparentes, et l'astronomie, qui porte davantage sur les lois, quantifiées qui les relient.
En pratique, l'ethnoastronomie et l'ethnoastrologie consistent à étudier les systèmes de représentation des astres dans des sociétés traditionnelles. L'étude de la culture, des arts, des mythes, de certaines formes d'écriture, montre une relation entre la forme de la société et la représentation du cosmos, et finalement le cosmos lui même.

Maui, l'hameçon

La démonstration est plus claire illustrée par un exemple. L'Ancien Monde a donné le nom de Scorpion à un ensemble d'étoiles, auquel on donne le nom générique de constellation. C'est de l'astrologie. Il n'y a aucun point de vue astronomique entre ces étoiles. Simplement, on garde l'identification et le repère. La position de cette constellation dans le ciel varie selon la saison. Il a été constaté que lorsqu'elle est bien visible, cela correspond à une période difficile. D'où l'attribution du nom d'un animal réputé dangereux, mortel. La forme attribuée à la constellation s'y prête. Dans le Nouveau Monde, c'est la forme du singe qui a été retenue, pour des motifs différents mais avec la même logique. En Océanie, la forme de la constellation correspond à celle de l'Ancien Monde, mais il n'y a pas de scorpion, et la relation avec la vie n'est pas du tout la même. L'océan et la pêche étant des repères fondamentaux, Maui, l'hameçon, sera donc le nom choisi.

Mythes marquisiens en allemand et en français

L'archéoastronomie recherche les traces de la science astronomique dans les vestiges archéologiques. Les archéoastronomes sont souvent des astronomes qui se sont penchés sur l'archéologie : cette science est aussi pluridisciplinaire. Au regard de ces sciences, on s'aperçoit que des graphismes, d'abord considérés comme ésotériques, représentent en fait la voûte céleste, que des ensembles monumentaux, tels Stonehenge ou les pyramides, ont des orientations particulièrement précises (les nœuds lunaires, Orion) et indicatrices du niveau, élevé, de connaissance astronomique. Cela pour l'Ancien Monde, qui fait l'objet d'études approfondies. On le trouve cependant dans le Nouveau Monde : l'orientation privilégiée est celle des équinoxes. Le fait est rares dans le monde océanien : Tonga et le trilithe orienté vers les équinoxes, Hawaii au marae est-ouest. Cela résulte en fait du peu de recherches menées jusqu'en 1980. Depuis on a relevé quelques cas montrant une volonté d'orientation. Le propos de Louis Cruchet, c'est de dire que le Nouveau monde et l'Océanie doivent faire l'objet de la même recherche patiente et approfondie que l'Ancien Monde. Il fournit de nombreux exemples.

Pour la Polynésie, le cas des mythes marquisiens est exemplaire. Recueillis en langue marquisienne, ils furent traduits en allemands, puis en français. Cette cascade de traductions rend le texte inexploitable de fait. Revenir à la langue vernaculaire apporte une lumière nouvelle, et permet de découvrir une représentation très particulière du cosmos. Les noms, les répétitions et les variantes peuvent être considérés comme des moyens mnémoniques de donner la position des astres en fonction du temps. L'application, à la Polynésie, de ces sciences dans toutes leurs composantes est à peine esquissée. Louis Cruchet estime qu'il faut maintenant s'y atteler.

Article signé L. L.

 

 

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