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L’astronomie ici et ailleurs :
histoire, information et activités locales


 Dans nos archipels idylliques, la pollution lumineuse est en revanche très faible. Le capitaine Cook ne s’y est pas trompé et les observations astronomiques ultérieures ont toujours laissé des témoignages sur l’ancienneté de ce privilège. Après avoir rappelé l’Histoire de l’astronomie, nous évoquerons toutes les informations sur les activités locales.

Histoire

Une histoire millénaire
A - L’AUBE DE L’ASTRONOMIE : LA PREPONDERANCE DU MYTHE (8000-300 avant J-C)  
I - Dans l’Europe du néolithique (8000-1800 avant J-C) : Premiers regards vers le ciel
Le monument de Stonehenge, en Angleterre, est le plus curieux édifice de la période néolithique.

(photo : illustration artistique du site de Stonehenge, Grande-Bretagne)


II - En Mésopotamie (3500-539 avant J-C) : Les cycles de la lune
Le dieu Mardouk tue Tiamat, l’Eau Salée ; il organise l’univers à partir des débris de Tiamat. Les Sumériens inventent l’écriture (cunéiforme). Les Babyloniens, qui leur succèdent, inventent l’astrologie et élaborent leur calendrier en utilisant le cycle de la lune.
III - En Egypte (3100-1000 avant J-C) : Le dieu-soleil
Rê, dieu du Soleil, est le fils de Nout, déesse du Ciel. Les Egyptiens inventent le calendrier de 365 jours et les décans. Les crues du Nil rythment leur vie.
IV - Les Hébreux : Dieu créateur de l’univers (1200-600 avant J-C)
Dieu crée la lumière puis l’univers entier. La Terre est le centre de l’univers.
V - Les Chinois : L’équilibre cosmique (1500-500 avant J-C)
La Loi du Tao se manifeste sous deux formes opposées et complémentaires : le Yin et le Yang. P’an-ku est l’homme cosmique.
VI - Les Hindous : L’absolu cosmique (1500-300 avant J-C)
Le Dieu des Hindous n’est pas créateur de l’univers ; il est l’univers lui-même, nommé Brahman. L’une des formes qu’il prend est Purusha, homme cosmique aux mille membres. C’est grâce à son sacrifice que le monde prendra forme.

B - LES CONCEPTIONS DE L’UNIVERS CHEZ LES AMERICAINS PRECOLOMBIENS DU MOYEN AGE : LA FASCINATION DU CIEL ET DU SOLEIL (IIIème siècle-XVIème siècle après J-C)
I - Les Mayas de l’époque classique : Le goût de l’observation et du calcul (250-900 après J-C)
L’univers est dominé par le dieu du Ciel Relevé et du maïs, Hun Hunahpu.
II - Les Aztèques : Le Soleil sanglant (XIVème siècle-XVIème siècle)
Leur pratique religieuse est fondée sur des sacrifices humains quotidiens. Les dieux principaux sont Huitzilopotchli, le dieu de la Guerre, de l’Orage et du Soleil, et Quetzalcoatl, représenté sous la forme d’un Serpent à plumes.
III - Les Incas : L’or du soleil (1420-1534)
Le dieu principal est le Soleil, Inti. Inca veut dire : fils du Soleil.

C - VERS L’ASTRONOMIE SCIENTIFIQUE : LE GEOCENTRISME DES GRECS ET DE LEURS HERITIERS (Xe siècle avant J-C-XVe siècle après J-C)
I - Les premiers grecs : Du mythe à la science (1000-500 avant J-C) :
Zeus, fils de Gaïa, la déesse-mère, dieu du Ciel et de la Foudre, est le roi des dieux. Mais les philosophes présocratiques sont les premiers à critiquer la mythologie et à comprendre que la Terre est une sphère.
II - Les grands théoriciens grecs : Le goût de la philosophie et des mathématiques (500 avant J-C-200 après J-C)
Les Grecs de cette époque (les philosophes Platon et Aristote) sont les précurseurs de la science moderne ; Ptolémée sera le grand astronome de l’époque : avec lui triomphe le géocentrisme. Il pense que l’univers est constitué de sphères transparentes et concentriques auxquelles sont accrochées les planètes et les étoiles.

Synthèse du système géocentrique proposé par Ptolémée, pour décrire les mouvements apparents des étoiles, de la Lune, du Soleil et des cinq planètes visibles à l'œil nu.


III - Les Arabes : Les progrès de l’observation astronomique (VIIIe-XVe s. après J-C)
Ce sont eux qui font le lien entre Ptolémée et le monde occidental naissant. Ils réalisent des progrès dans l’observation et la géométrie des sphères.
IV - Les chrétiens du moyen âge : Dieu et les anges, maîtres de l’univers (XII-XVe s.)
Ils réalisent de meilleurs instruments et tables astronomiques + un calendrier (grégorien). Ils ajoutent à celles de Ptolémée une sphère immobile, l’Empyrée, où se trouve le paradis, résidence des anges et des saints. Au sommet du ciel réside Dieu lui-même.
 
D - L’ASTRONOMIE MODERNE OCCIDENTALE (XVIème-XXème siècles) : DE L’HELIOCENTRISME A LA PHYSIQUE DES ASTRES
I - Copernic, Kepler et Galilée : La révolution de l’héliocentrisme (XVIe-XVIIe s.)
1 - L’intuition fondamentale de Copernic : il découvre que la Terre tourne autour du Soleil.


2 - Les grands calculs et les trois lois de Kepler : c’est lui qui va donner à l’héliocentrisme une dimension scientifique. 1ère loi : l’orbite des planètes trace une ellipse, et non un cercle. 2nde loi : la vitesse orbitale d’une planète varie selon sa position par rapport au Soleil. 3ème loi : les planètes plus proches du soleil avancent plus vite que les autres.
3 - La lunette de Galilée ou l’observation scientifique : Galilée est le premier à observer le ciel avec une lunette. Ses observations confirment l’héliocentrisme et lui font faire des découvertes stupéfiantes. Mais ces découvertes ne plaisent pas du tout à l’Eglise : Galilée devra avouer à genoux ses « erreurs » !
II - Newton et ses successeurs : La loi de la gravitation universelle (XVIIe-XVIIIe et XIXe s.)
Isaac Newton (1642-1727)

Sa grande découverte est la loi de la gravitation universelle : deux corps placés à une certaine distance s’attirent l’un l’autre, où qu’ils se trouvent dans l’univers. La force de gravitation varie en fonction de leur masse et de la distance qui les sépare. Newton est aussi l’inventeur du premier télescope (1672). L’exploration du système solaire va ainsi pouvoir devenir de plus en plus précise - notamment avec l’astronome William Herschel (1738-1822).
III - La naissance des astrophysiciens : En quête de la nature des astres (1840-début du XXe s.)
4 innovations révolutionnent l’étude de l’univers : 1) La photographie ; 2) De nouveaux télescopes ; 3) La spectroscopie, qui détecte les éléments chimiques d’une étoile ; 4) La photométrie (on mesure les distances en les transformant en durées de trajet de la lumière).
De plus, James Maxwell fonde la science de l’électromagnétisme. On pourra alors déterminer la durée de vie des étoiles et explorer l’espace bien au-delà de notre système solaire et de notre galaxie.
IV - Einstein et ses successeurs : La révolution de la relativité générale (à partir de 1905)


1 - Einstein : Cet immense savant fait une découverte capitale, qui bouleverse toute la théorie de Newton : la gravitation est une simple conséquence du fait que l’espace-temps possède une courbure due à la présence de masses. Elle n’est donc pas une mystérieuse force agissant à distance. (L’univers ressemble à un tapis élastique.)
Albert Einstein a été l'architecte de la théorie de la relativité générale. Il publia ses travaux en 1917.
2 - Les successeurs d’Einstein : Mais Einstein refuse d’accepter certaines conséquences capitales de sa découverte. Ses successeurs s’en chargent : 1) Notre système solaire ne se trouve pas au centre de notre galaxie, la Voie Lactée ; 2) Notre univers comporte d’autres galaxies que la Voie Lactée ; 3) Notre univers est en expansion : c’est la fameuse théorie du big bang (Hubble et Lemaître) ; l’espace est comparable à un gâteau aux raisins (les galaxies) qui, en gonflant, ferait s’éloigner les raisins les uns des autres. Le temps devient également élastique (lié au mouvement de celui qui le mesure). On découvre aussi les notions de « trous noirs », de « matière sombre », ainsi que d’« anti-matière ».
Innovation technique à mentionner : la radioastronomie, qui permet de détecter les ondes radio provenant du cosmos - notamment celles du début de l’univers.
V - Autour de Niels Bohr : La révolution quantique (à partir de 1900)
Une dernière révolution se produit, dont les conséquences seront tellement étranges qu’Einstein passera ses nuits à tenter de la contredire, sans jamais y parvenir ! A la suite de Max Planck, Niels Bohr remet en cause la théorie de la relativité générale en étudiant les particules de la matière et de la lumière. Il établit que ces prétendues particules ne se mettent à exister que quand on les observe... C’est un peu comme si elles vivaient dans un monde virtuel - le « flou quantique ». Tenter de décrire l’univers comme quelque chose d’extérieur à nous n’a alors plus aucun sens.
(sources : http://supervielle.univers.free.fr/astronomie)
 

L’astronomie à Tahiti

Le paradis des étoiles
Les conditions d'observation en Polynésie sont extrêmement bonnes, c'est ce qui avait incité le Capitaine Cook à se rendre à Tahiti pour effectuer un travail de relevé en 1769, avec la collaboration d'autres stations en Sibérie, aux Indes, en Amérique et en Europe. Un astronome californien de passage à Tahiti en 1922 nous le rappelle.
« Depuis la fameuse visite faite par Cook pour observer le passage de Vénus, Tahiti a plusieurs fois été choisi comme station par des expéditions astronomiques (...). Quelles sont donc les raisons qui tendaient alors et tendent encore aujourd'hui à faire choisir Tahiti pour l'étude des astres ? Pour les expéditions qui ont visité Tahiti, il s'agissait en général de l'observation de phénomènes d'intérêt spécial, comme le passage de Vénus ou une éclipse totale du Soleil. Les passages de Vénus devant le disque solaire se produisent quatre fois dans une période de 243 ans et ils ont dans le passé été de haute importance pour déterminer la distance de la Terre au Soleil. C'est ce qui a décidé la visite de Cook à Tahiti.(...) Pour le choix de la situation d'un Observatoire permanent, il faut donner une large place aux conditions atmosphériques, surtout à la proportion des nuits claires» (Trumpler R, "Tahiti observatoire astronomique", B.S.E.O. n° 45, 16 juin, p. 16-22, 1922).
Clubs et associations à Tahiti
Le Club Océanien de Radio et d’Astronomie, créé en 1934 sous le nom de « Radio Club Océanien », n’existe plus à Tahiti, mais nous saluons au passage le livre paru en 1986, sous la plume de son président, Maurice Graindorge : « Le ciel de Tahiti et des mers du sud » qui, nous semble t-il, devrait être réédité chez Haere Po No Tahiti.
La Société d’Astronomie de Tahiti est un club d’astronome assez dynamique, qui propose des soirées d’observation astronomique. La SAT a comme objectifs : de regrouper les astronomes amateurs de Polynésie, de faciliter l'accès au grand public à des instruments de grand diamétre et de promouvoir l'astronomie en général.
Pour cela, la SAT réalise notamment des soirées de d'initiation ouvertes au public, des présentations, des publications dans la presse locale…La SAT dispose d'un observatoire permanent situé sur une colline proche de l'aéroport.

Pour vous y rendre, voici un plan :

 

Pour les joindre, voici leurs coordonnées :


Par courrier : BP 13358 Punaauia, Moana Nui, 98717, Polynésie Française

Par téléphone :

(689) 87 75 09 77 (Claude Lamotte)

Par email : sat@mail.pf


Le dernier passage de Vénus
 

Lors du dernier passage de Vénus devant le Soleil, l’association C.I.E.L. en partenariat avec Proscience et l’association astronomique S.A.T., nous avons commémoré, le 19 juin 2004, le phénomène observé en 1769 à Tahiti au cours d’une journée d’exposition sur « Le ciel du Monde Polynésien ».
Nous laissons la parole à Jean-Paul Longchamp (Société d'Astronomie de Tahiti, SAT) afin qu’il nous explique le phénomène du passage de Vénus devant le Soleil.
Chacune de ces années ? 1639, 1761, 1769, 1874, 1882, 2004 ...est marquée par le passage de Vénus devant le soleil, un "transit" pour parler comme les astronomes. D'autres avant l'ont été pareillement et d'autres après le seront aussi ...
Les historiens ont très largement relaté les efforts accomplis par les expéditions parties aux quatre coins du mondes pour observer ce phénomènes ...
Mais pourquoi ? Qu'est-ce qui a pu motiver un tel déploiement de moyens vers des contrées plus ou moins hospitalières et, en tous cas, généralement lointaines ? ... à une époque où il ne suffisait pas de prendre un billet d'avion pour se retrouver aux antipodes.
La réponse tient en un mot: la parallaxe ! Un grand mot bien "ronflant" pour ne retenir que le "simple" ...
Vénus passe devant le soleil ... Mais pourquoi ? Est-elle la seule planète à se permettre cette familiarité avec notre étoile ? Pour lever un coin du voile, Vénus tourne autour du soleil en 224 jours terrestres ... disons 8 mois. Vue de la tere, elle se déplace donc d'un coté à l'autre du soleil tous les 4 mois ... une fois en passant "par derrière" et une fois en passant "par devant".
Mais alors pourquoi est-ce un évènement si rare ? Pourquoi ne peut-on observer ces transit chaque fois que la planète passe "par devant" ?
A nouveau nous tenterons de répondre le plus simplement possible en présentant d'abord le système solaire où nous verrons que tout n'est pas aussi bien rangé qu'on le croit. Puis nous constaterons quelques effets de ces désordres relatifs ... dont, entre autres, les rares transits de Vénus.


 (source : "Explication et illustration du phénomène du passage de Vénus devant le soleil", par Jean-Paul Longchamp, Société d'Astronomie de Tahiti, SAT)

La venue du capitaine Cook

Tahiti, abordée par hasard en 1767 par Wallis, transformée en Nouvelle Cythère par Bougainville en 1768, devient, grâce à Cook et aux savants qui l'accompagnent, l'un des 80 observatoires astronomiques établis par les sociétés et académies savantes de l'Europe du siècle des Lumières dans le Monde entier, afin de mieux comprendre c'est-à-dire de mesurer la mécanique céleste.
Le transit de Vénus ne dure que quelques heures le 3 juin 1769, mais le séjour des marins et des savants de l'Endeavour durera 3 mois. Ce n'est plus un simple contact, mais la rencontre prolongée entre deux mondes qui se découvrent avec de "doux souvenirs", des marchés, des incidents et la violence née de malentendus.
Premier occidental à faire le tour de l'île de Tahiti, le capitaine se transforme en ethnologue : Cook ne se contente pas d'être le cartographe des îles, de leurs lagons et de leurs récifs, il est le premier à dresser la carte des sentiments, des désirs, des émotions et des interdits, des joies et des peines des hommes et des femmes qui se mêlent et se côtoient; et les artistes qui l'accompagnent nous restituent encore aujourd'hui les paysages, les villages, les pirogues et les outils, la vie quotidienne et religieuse du Tahiti des Temps anciens.
Ile d'expérience humaines mais aussi d'expérimentations scientifiques, le Tahiti de 1769 annonce l'avenir des îles du Pacifique...


(source : "1769 : Cook ou comment Vénus devient une pointe à Tahiti" par Robert Koenig, Société des Etudes Océaniennes, SEO)

 

 

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